Quand Fernand Dormont a su un matin que la ville de Dunkerque avait pris un arrêté municipal interdisant aux camping-caristes de stationner au bout de la digue des Alliés, il a soupiré, pesté et tranché : « C'est malheureux, pour nous, mais aussi pour les commerçants. Il ne faut pas oublier que quatre-vingts camping-caristes, c'est cent baguettes de pain achetées chaque matin pour le boulanger.
» De plus en plus indésirables, les camping-caristes. La ville de Dunkerque vient d'installer un portique sur la digue des Alliés pour leur interdire l'accès (lire ci-contre). Idem à Tardinghen, près du site des Deux-Caps : depuis quelques semaines, un panneau rédigé en plusieurs langues prohibe de jour comme de nuit le stationnement dans le village. Il y a un an, c'était le maire de Berck-sur-Mer qui prenait un arrêté municipal interdisant le séjour sur un parking.
Rencontrée à Malo-les-Bains, la famille Vandamme voyage en camping-car depuis de longues années. Avec désormais trimballée cette sale impression « d'être parquée » dans des aires d'accueil bétonnées et bruyantes, « souvent situées à trois ou quatre kilomètres de la ville , trop loin des commerces », maudit Christian, le père de famille. Il est loin, l'esprit de liberté d'antan.
Mieux il y a dix ans
Du coup, sauf quand ils trouvent « des aires à taille humaine comme il y a quelques jours à Bergues », les Vandamme préfèrent chercher un quartier pavillonnaire pour se poser et passer la nuit. « Comme ça, on n'est pas isolé, c'est plus sûr. Mais on a toujours peur de gêner. Alors, on arrive tard, sans faire de bruit. » Fernand et Josiane Dormont, eux, préfèrent dormir dans les aires d'accueil qui proposent, contre quelques euros, bornes de vidange et d'approvisionnement en eau et en électricité. Selon eux, il y a dix ans, « c'était beaucoup plus facile de se garer et d'aller où l'on voulait.
On était mieux accueillis aussi. À Perros-Guirec (Côtes-d'Armor), par exemple, on pouvait stationner en ville. On allait aussi à la falaise, on était bien. Souvent, aujourd'hui, on nous parque à trois quarts d'heure à pied du centre. »
Comment en est-on arrivé là ? Pour Gilbert Coudre, vice-président de l'Association des usagers du camping-car et habitant de Wizernes (Audomarois), « il y a eu une inflation du nombre de camping-cars et, en même temps, une réaction des municipalités côtières qui les considèrent comme un envahissement. Du coup, elles pondent des arrêtés totalement illégaux car les camping-cars sont des véhicules comme les autres et ils ont le même droit au stationnement que les voitures (1). »
L'Association contacte parfois le Comité de liaison du camping-car qui attaque de temps à autre les communes devant le tribunal administratif. « Mais vu la lenteur des procédures, cette situation va devenir problématique, déplore M. Coudre. Ceci dit, dans la région, il n'y pas de gros points de tension. » Juste quelques désagréments. Beaucoup plus nombreux qu'il y dix ou quinze ans, les camping-caristes adoptent parfois des comportements « beaufs ». Fernand Dormont : « Des gens ne prennent pas la peine de ramasser leurs déchets. » Gilbert Coudre reconnaît « des comportements déviants mais vraiment minoritaires ». •
- La réglementation en vigueur s'appuie sur la circulaire du 19 octobre 2004. Selon ce texte, on ne peut pas édicter à l'encontre du camping-car une interdiction générale de stationner sur l'ensemble de la commune. « Il est suffisant pour prévenir les risques de limiter les interdictions à certaines zones particulièrement sensibles tout en préservant le droit à une halte nocturne en quelques endroits de la commune. »
Sem comentários:
Enviar um comentário