Les constructeurs souffrent. Sur les côtes, les villes ont beaucoup investi pour accueillir ce tourisme nomade. Soixante-dix suppressions de postes chez ST-Bois Concept, à La Chevrolière. Le sous-traitant licencie aux beaux jours.
Alors que les cohortes de camping-caristes affluent sur les côtes, leur industrie rumine à bas régime. « La production a baissé de 50 % depuis l'automne, chiffre Philippe Padiou, PDG de Pilote, à La Limouzinière. Nous n'avons plus d'intérimaires depuis le début de la crise. En huit mois, 200 personnes ont quitté l'entreprise, et nos capacités de production restent largement inemployées. »
Les clients, majoritairement des retraités, lèvent le pied. « Ils attendent, observe Yann Hardy, chez Loisirs 44 à Nantes. Ils sont inquiets pour leurs proches. Ils font attention afin de pouvoir les aider en cas de chômage. »
Les parkings des concessionnaires sont gorgés de véhicules neufs. « Les constructeurs ont fait appel à nous pour absorber une partie de leurs stocks », explique Yann Hardy. Des opérations promotionnelles ont tenté de soutenir les ventes. Les prix ont baissé, comme les budgets des clients : de 40 000 à 50 000 €.
Le marché a repris un peu de vigueur avec le printemps. « Une belle éclaircie. » Mais il reste fragile. Un autre phénomène compromet la reprise. La mode. Elle s'émousse. « Nous voyons des camping-caristes revenir à la caravane, observe Yann Hardy. La liberté du camping-car est annihilée dans les zones de forte densité, notamment sur les côtes. »
Abreuvées à satiété, les communes littorales ont réglementé les stationnements. « Nous accueillons les camping-cars avec bonheur, soutient le maire de Pornic, Philippe Boënnec. Mais la côte ne doit pas être « polluée » visuellement. Nous respectons aussi la loi Littoral. Le parking est interdit sur les sites sensibles. »
Pornic a passé un accord avec les campings locaux pour que les camping-caristes paient demi-tarif. Ils peuvent recharger eau, batterie et se délester de leurs déchets. Cette convention permet aux campings « de ne pas avoir de concurrence sauvage », vise Philippe Boënnec. Préfailles a opté pour une autre stratégie. « Nous avons construit deux zones de stationnement d'environ soixante places et une zone de ravitaillement », détaille le maire, Jean-Luc Le Brigand. Plus de 30 000 € d'investissement. « La nuitée est à 2 €. Nous fixons une limite de 48 heures. »
« Le stationnement anarchique disparaît peu à peu, assure Jean-Luc Le Brigand. Le boulanger va vendre son pain sur place. Les supermarchés et restaurateurs sont satisfaits. Cette forme de tourisme participe à la vie économique de la commune. »
« C'est déjà plutôt « écolo », envisage François De Rugy, député Vert et camping-cariste. Vous roulez à des vitesses raisonnables. Vous devez maîtriser vos rejets et veiller à votre consommation d'énergie, d'eau, pour rester autonome. Il faut encore progresser dans cette voie. »
Emmanuel Vautier
et Laurent Huou« Le stationnement anarchique disparaît peu à peu sur les côtes »
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